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bestialité. Malgré d’innombrables réformes[1] accomplies déjà par la contrainte de la loi ou par l’initiative spontanée des particuliers, les manufactures agglomérées de l’Angleterre sont loin d’offrir une situation satisfaisante : elles contrastent encore, par leur état de corruption, de malaise et d’antagonisme, avec les bonnes mœurs, le bien-être et l’harmonie des campagnes environnantes. La prospérité due à l’abondance des combustibles minéraux, à l’étendue des rivages maritimes et à l’excellente organisation de la vie rurale, a masqué jusqu’à présent la décadence introduite par le régime manufacturier dans la constitution britannique. Mais, au fond, l’Angleterre donne à cet égard de mauvais exemples au Continent ; et elle ne saurait différer longtemps la réforme sans compromettre sérieusement son propre avenir.

  1. Les officiers publics, qui interviennent dans ces réformes, ont en général pour mission de réprimer, aux termes de la loi, les abus auxquels donnait lieu l’emploi des femmes et des enfants dans les grands ateliers. Mais, dans l’exercice de leurs fonctions, ils ont constaté qu’il n’est pas moins nécessaire de revenir aux pratiques de la Coutume en ce qui touche les hommes faits. Ils commencent notamment à comprendre les avantages qu’assure aux ouvriers comme aux patrons la permanence des engagements (§ 20). Ainsi, un inspecteur des manufactures signale les succès obtenus par une usine à fer, dite Consett-iron-works, qui a remplacé les engagements à la semaine par les engagements à l’année, selon la vieille Coutume du Northumberland.