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source reste intarissable ; car l’homme use souvent de son libre arbitre pour enfreindre les lois de la nature et celles de l’ordre moral. Mais à cette cause permanente de mal les sociétés prospères opposent sans relâche certains remèdes. Les effets du vice originel peuvent toujours être neutralisés par de bonnes institutions, sous la haute direction d’hommes améliorés par ces institutions mêmes, ou portés au bien par une organisation exceptionnelle. Ils peuvent, au contraire, être aggravés par des institutions vicieuses ou par le règne des méchants. La géographie et l’histoire enseignent que, sous l’action prolongée de ces mauvaises influences, l’homme peut tomber au dernier degré de l’abjection.

Les causes secondaires du mal sont fort nombreuses, et elles surgissent de la prospérité même des nations. Elles ont surtout pour symptômes l’orgueil engendré par le succès, les appétits sensuels développés par la richesse, l’oppression provenant des abus de l’autorité. Ces désordres se produisent à mesure que les jeunes générations, nées au milieu du bien-être, viennent remplacer celles qui avaient créé, par le travail et la vertu, un état antérieur de prospérité. Ces trois causes, appuyées de beaucoup d’autres influences, sont sans cesse en action, dans la vie privée comme dans la vie publique.

En effet, l’homme, au sein de la prospérité,