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ment troublée, la discorde intestine cesse parfois d’être apparente ; mais elle tend à éclater dès qu’une cause nouvelle d’agitation survient au milieu de ce calme trompeur. Ce déplorable état de la société se révèle partout au voyageur par l’organisation militaire donnée aux polices locales[1].

L’absence ou la présence habituelle d’une force armée, dans les diverses parties d’un même empire, sont un des sûrs indices de la répartition du bien et du mal. Ainsi, dans les campagnes de l’Angleterre et de l’Écosse, les constables chargés de la police locale sont seulement munis de baguettes. Dans les agglomérations manufacturières (§ 29) de ces mêmes provinces, ils sont, en outre, pourvus de quelques moyens cachés de défense. En Irlande, ils sont ostensiblement armés comme les sergents de ville à Paris et les gendarmes ruraux de la France entière.

§ 3

LE PERSONNEL DU TRAVAIL ET LES CLASSES DIRIGEANTES.

Pour achever ces définitions du bien et du mal, je dois donner ici quelques explications

  1. Quand le mal est poussé à ses dernières limites, la force armée n’est pas seulement l’auxiliaire des gouvernants, elle devient, en quelque sorte, le principe de leur autorité. Cet état de choses a existé pendant la décadence de l’empire romain ; il paraît se reproduire aujourd’hui en Espagne.