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à cette règle, certains patrons se privent, il est vrai, d’un bénéfice momentané[1] ; mais ils conjurent pour l’avenir les pertes que ferait naître infailliblement, sous mille formes, la corruption des familles. Des recherches approfondies établissent même que, dans une foule de cas[2], le séjour permanent de la mère et de ses filles au foyer domestique n’offre pas moins d’avantages au point de vue économique qu’au point de vue moral. Les femmes obtiennent au logis, par l’exploitation des industries et des cultures domestiques (§ 22), des produits qui ont habituellement plus de valeur pour la famille que les salaires qu’elles se procureraient en s’employant dans les ateliers[3]. Les maris et les frères trouvent, dans un foyer constamment habité par les femmes, un charme et un bien-être qui réparent leurs forces physiques, retrempent leur caractère, et rendent plus productif leur travail à l’atelier[4].

Le jury international de 1867 a cependant récompensé d’une manière spéciale les patrons qui, tout en rattachant les femmes à l’industrie

    caillerie de M. Goldenberg, à Zornhoff, près Saverne (Bas-Rhin). (Rapport sur le nouvel ordre de récompenses, p.55) (Q).

  1. Rapport sur le nouvel ordre de récompenses, p. 57.
  2. On peut aisément s’assurer de ce fait en comparant les budgets domestiques des soixante-treize familles décrites dans les ouvrages souvent cités (0 et P).
  3. Voir, par exemple, la monographie du moissonneur-émigrant du Soissonnais. (Les Ouvriers européens, p.238.)
  4. La Réforme sociale, t. III, p. 535.