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encore les frais du service, on se borne à exposer, de loin en loin, cet insigne à la vue des populations[1].


Les ateliers de travail, lorsqu’ils sont désorganisés par l’erreur et la corruption des hommes, offrent des caractères inverses de ceux que je viens de décrire.

Les familles sont livrées au malaise et à l’instabilité. Celles qui coopèrent aux mêmes travaux sont, en outre, agitées par l’antagonisme. Souvent ce même fléau divise ceux que Dieu, dans sa bonté, avait unis par les liens les plus intimes : les maris et les femmes, les pères et les enfants, les maîtres et les serviteurs. Aigris par la souffrance et l’isolement, les individus ne s’attachent point à l’ordre de choses qui les entoure. Ils sont mécontents de leur situation et avides de changement.

Quand la guerre civile est suscitée par l’antagonisme des classes dirigeantes, les ouvriers se coalisent ouvertement contre leurs patrons. Quand la paix publique n’est pas ostensible-

  1. Telle est la coutume en Biscaye. « Un banc, parfois complètement vide, mais devant lequel on voit une lance fichée en terre, ancien symbole de l’autorité, suffit pour faire observer au peuple le même ordre que si le maire était présent. » (Mémoire sur la Biscaye par M. de Trueba, archiviste de la province.) — Société d’économie sociale (P), Bulletin, t. II, p. 267.