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Sous ces divers rapports, elles contribuent beaucoup à maintenir les deux précédentes pratiques.

Cette salutaire organisation se maintient sous une forme particulière, depuis un temps immémorial, même pour les grands travaux intermittents des villes et des capitales. Ces travaux sont confiés à de petits propriétaires ruraux, établis dans les régions montagneuses des provinces et des États contigus. Chaque année, au printemps, les chefs de famille, accompagnés de leurs fils adultes, et laissant sur le domaine patrimonial le reste de la famille, viennent fournir la main-d’œuvre que réclament la construction ou l’entretien des habitations et des voies publiques ; puis ils retournent, à l’arrière-saison, faire les semailles, les plantations et les autres ouvrages de leurs domaines.

À Paris, on s’est imprudemment écarté de cette coutume séculaire, en 1841, lors de l’établissement des fortifications, et, depuis 1852, dans l’ère des travaux extraordinaires qui s’est perpétuée jusqu’à ce jour. La plupart des anciens ouvriers émigrants ont été remplacés par des ouvriers sédentaires ; et ceux-ci sont exclusivement employés à des travaux urbains qui ont cessé d’être intermittents. Ces ouvriers comprennent instinctivement l’instabilité de leur condition : réunis à ceux qui, par centaines de mille, exercent des professions étrangères, au fond, à la vie