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cole et le travail manufacturier[1]. Cette organisation avait surtout pour but d’assurer aux ouvriers la continuité du travail et la permanence des moyens de subsistance, et elle s’attachait spécialement à conjurer les crises du commerce et les chômages périodiquement ramenés par le cours des saisons. À cet effet, on joignait aux domaines ruraux des ateliers où s’élaboraient les matières premières produites dans la localité ou importées du dehors ; ailleurs on annexait aux grandes manufactures des dépendances rurales ou forestières. Selon le procédé le plus habituel et le plus sûr, chaque patron encourageait ses ouvriers à entreprendre, à leur propre compte, une multitude d’industries domestiques, rurales ou manufacturières. Celles-ci suppléaient aux travaux de ses ateliers quand survenaient certains chômages exceptionnels ; elles fournissaient toujours des occupations lucratives aux membres de la famille que l’âge, le sexe et la Coutume retenaient au foyer de la famille.

L’alliance du travail agricole et du travail manufacturier est encore fréquente dans les grands ateliers du Nord et de l’Orient[2] ; dans le reste de l’Europe elle devient plus rare en dehors des

  1. La Réforme sociale, t. II, p. 121 à 123.
  2. Parmi les types les plus remarquables de cette organisation du travail, je rappellerai les grands ateliers métallurgiques de l’Oural et de la Suède. (Les Ouvriers européens, IV et VI.)