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voit apparaître trois régimes principaux. Sous le premier régime, la rétribution de l’ouvrier est proportionnelle au temps du travail : elle s’applique aisément à tous les travaux et à tous les caractères ; elle convient surtout aux populations vicieuses ou imprévoyantes ; elle est adaptée le mieux possible à leurs infirmités intellectuelles ou morales quand le patron fournit du travail en tous temps, et livre à prix réduit, aux époques de disette, le blé nécessaire à la subsistance des familles[1]. Sous le second régime, la rétribution se compose d’une certaine part du produit, fixée par la tradition : elle convient surtout à la production ou à l’extraction des matières brutes, d’une faible valeur, ayant un débit facile dans chaque localité[2]. Sous le troisième régime enfin, la rétribution est proportionnelle à la quantité de travail accompli. L’ouvrier s’élève au rang d’entrepreneur en se chargeant, à prix fait, d’une subdivision du travail de l’atelier ; parfois même il engage des salariés à son propre compte, et devient un véritable chef de

  1. J’ai décrit de beaux modèles de ce régime dans les mines et les fonderies domaniales de la Hongrie de la Carniole et du Hartz. (Les Ouvriers européens, X, XI, XII, XIV.)
  2. Cette organisation est caractéristique dans les métairies et dans beaucoup de vignobles du Sud-Ouest de l’Europe. Elle est commune dans la pêche côtière et dans certaines exploitations de mines et de carrières. (Les Ouvriers européens, XX ; les Ouvriers des deux Mondes, nos 5 et 9.)