Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.

manufacturières de l’Occident ; mais partout le régime des engagements momentanés[1] a fait naître la souffrance et l’antagonisme. Depuis lors, les ouvriers s’agitent sans relâche pour échapper à ces maux et retrouver la sécurité. Égarés, comme les patrons, par les erreurs qui sont la cause première du mal (§§ 26 à 32), ils cherchent le remède en dehors de la Coutume : ils s’épuisent en essais impuissants ; et dans leur désappointement ils se font les auxiliaires d’hommes hostiles à la paix publique. Mais ceux-ci, loin de les remettre dans la bonne voie, les éloignent du but ; car ils leur prêchent la transformation ou même le renversement des plus constantes traditions du genre humain. Ces vagues aspirations des ouvriers vers un ordre de choses inconnu ont déjà produit de grands maux. Elles réservent à nos sociétés de dures épreuves, si elles s’accréditent davantage malgré les enseignements de l’expérience et de la raison.

Les essais les moins dangereux qui aient été faits pour créer de toutes pièces ce régime inconnu, ceux qui se concilient avec le respect de la paix publique, offrent un exemple

    formation, j’ai vainement cherché, dans les anciens ateliers agrandis et enrichis, quelques vestiges de ces touchantes relations. J’ai surtout constaté l’absence de l’affection et du respect qui rattachaient à cette solennité la sympathie des ouvriers, des femmes et des enfants.

  1. Les Ouvriers européens, p. 15 à 22.