Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.

§ 20

1re PRATIQUE : PERMANENCE DES ENGAGEMENTS RÉCIPROQUES DU PATRON ET DE L’OUVRIER.

La permanence des engagements[1], sous le régime de liberté individuelle, est la plus haute expression de la stabilité ; elle est aussi un indice certain de bien-être et d’harmonie. Elle règne, avec ses meilleurs caractères, lorsqu’un attachement traditionnel se maintient entre les générations successives de patrons et d’ouvriers. Cet état de choses, une fois établi, assure d’immenses satisfactions à tous les intéressés ; aussi se conserve-t-il alors même que ceux-ci tendent momentanément à s’affranchir de la contrainte morale (§ 8), qui est le vrai lien social sous tous les régimes. Dans ces cas de défaillance, la bienveillance chez le patron, le respect chez l’ouvrier, et chez tous l’empire de la Coutume, conseillent d’attendre avec patience et indulgence les réformes individuelles. En général, quand un ancien état de permanence prend fin tout à coup, la rupture vient du patron plutôt que de l’ouvrier.

  1. Les Ouvriers européens, p. 16 et 17. Tableau ayant pour titre : « Définition des ouvriers et des rapports qui les lient, dans les diverses organisations sociales de l’Europe, aux maîtres, aux communautés et aux corporations. » Voir aussi le texte, p. 15 et p.18 à 22.