Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les hommes capables de remplir cette mission ne font point défaut à la France actuelle. Les intelligences supérieures sont même plus communes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient à la grande époque. Du moins le régime actuel est plus apte que celui de Henri IV et de Louis XIII à stimuler ces intelligences ou à les mettre en lumière ; et je ne connais aucune race qui se livre à des efforts aussi soutenus pour conquérir, dans toutes les branches d’activité sociale, la fortune et les honneurs. Nos orateurs et nos écrivains, en particulier, offrent d’admirables talents ; ils acquerraient bientôt une gloire égale à celle de leurs devanciers, si, au lieu de se neutraliser mutuellement par l’orgueil et l’erreur, ils s’unissaient dans une commune pensée de dévouement à la vérité. Ce qui leur manque, c’est l’unité d’impulsion qui, pendant le grand siècle (§ 16), fut imprimée à l’activité des Français : à la politique, par quatre hommes supérieurs ; aux mœurs, par les femmes éminentes de l’hôtel de Rambouillet ; aux arts usuels ou libéraux, par l’émulation des catholiques et des protestants ; à la société entière, par l’esprit chrétien.

Comme aux deux époques précédentes de prospérité (§§ 14 et 16), la réforme viendra surtout du christianisme ; mais elle ne s’accomplira pas nécessairement par les mêmes moyens. En présence d’autres désordres et d’autres ressour-