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tions de cette époque : la propagande universelle de la vérité et le protectorat des petites nations !

La persévérance dans la recherche du bien et dans le dévouement à l’humanité, l’aptitude à distinguer le vrai d’avec le faux dans une langue que Descartes et ses contemporains adaptèrent spécialement à cette tâche, sont plus que jamais nécessaires aux peuples de l’Occident[1]. Ces qualités ne seront pas moins honorées dans nos temps de guerres sociales qu’elles ne le furent pendant les guerres religieuses des XVIe et XVIIe siècles. Elles détruiront bientôt les erreurs de l’ancien régime et de la révolution, comme elles triomphèrent, après la chute des Valois, de la corruption propagée par les clercs et les souverains[2].

  1. Joseph de Maistre a présenté de curieux détails sur l’ascendant acquis par la langue française depuis le XIIIe siècle. Comparant, dans ses dialogues avec un Français, les langues européennes : « Toujours celle des Français, dit-il, est entendue de plus loin ; car le style est un accent. Puisse cette force mystérieuse et non moins puissante pour le bien que pour le mal, devenir bientôt l’organe d’un prosélytisme salutaire capable de consoler l’humanité de tous les maux que vous lui avez faits. » (Les Soirées de Saint-Pétersbourg, 2 vol. in-8o ; Lyon et Taris, 1831 ; t. 1er, p. 448.)
  2. Pendant les premières années de mes voyages, j’ai vu la fin des générations au milieu desquelles Joseph de Maistre avait vécu (n. 14). J’ai connu dans toutes les contrées de l’Europe une multitude de vieillards de la classe dirigeante dont la première éducation avait été fondée, avant 1789, sur l’étude de notre langue. Ils en faisaient habituellement usage à leur foyer, parfois à l’exclusion de la langue nationale, avec une