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vaux agissent sensiblement depuis quelques années sur un grand nombre de mes concitoyens. Je rencontre chaque jour ces symptômes de réforme chez les patrons des grands ateliers manufacturiers et ruraux, chez leurs ouvriers ou leurs collaborateurs de tout rang[1], et chez cette saine partie de la jeunesse qui se propose d’arriver par le travail à la considération publique[2]. Je vois même ces symptômes apparaître, de loin en loin, chez les légistes et les gouvernants, c’est-à-dire chez les classes qui, pendant les époques d’affaiblissement moral, sont les plus réfractaires aux réformes.

Je ne crains même pas que la réforme sociale de la France soit longtemps retardée par l’une des plus redoutables erreurs de notre temps[3], celle qui conseille de constituer par la violence les grands empires aux dépens des petites nations. Ces entreprises injustes pourront encore

    Progrès, cité (L). Je vois avec une vive satisfaction ces habiles écrivains réagir peu à peu contre ces lieux communs d’erreur où la littérature française s’arrêtait depuis deux siècles.

  1. Voir la description des trente-sept Ateliers qui ont reçu à l’Exposition universelle de 1867 le nouvel ordre de récompenses (Q).
  2. Vers la fin de la Restauration, parmi les jeunes gens admis à l’École polytechnique, le nombre de ceux qui faisaient profession d’un culte était généralement fort restreint : ce nombre est au moins quintuple aujourd’hui. Cet heureux changement est dû en grande partie aux corporations enseignantes, notamment à celles des Jésuites et des Dominicains, qui ont acquis par leur dévouement la confiance et l’affection de leurs élèves.
  3. La Réforme sociale, t. II, p. 446.