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Ce zèle pour la réforme, cette fidélité pour les principes, ne sont point éteints à notre époque. Ils porteront leurs fruits dès que la France sera rentrée dans les voies de la prospérité, c’est-à-dire, quand la distinction du bien et du mal aura été généralement établie dans les esprits et dans les cœurs.

Les préjugés et les passions qui, depuis le régime de la Terreur, ont empêché la réforme, ne pèsent plus sur la France aussi lourdement que par le passé. Dans la classe des gouvernants, ils se conservent surtout chez les légistes ; mais la constitution actuelle s’est montrée, en certains cas plus apte que les précédentes à tempérer les fâcheux effets de leur influence[1]. Les erreurs de l’ancien régime en décadence et de la révolution persistent jusqu’à présent chez les rentiers oisifs des villes et chez la jeunesse riche, qui dissipe en jouissances sensuelles l’épargne de ses aïeux ; elles se répandent bruyamment chez les populations manufacturières, dont les orateurs fréquentent les nouveaux clubs de Paris

  1. Le gouvernement de Napoléon iii s’est distingué par plusieurs traits essentiels de tous les gouvernements instables qui se sont succédé si rapidement depuis 1789 : il s’est inspiré moins exclusivement de l’esprit des légistes ; il a notamment réagi, malgré leur opinion, contre le régime de contrainte légale en ce qui touche les coalitions, la presse et les réunions publiques. Le premier entre tous il vient de substituer, sans révolution, un régime de liberté à un régime de contrainte (§ 8, n. 12 et 13).