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tude dans la corruption qui régna longtemps chez certains peuples du Midi. Il est vrai qu’ils se sont constamment égarés dans leurs tentatives de réforme, soit avec les lettrés du siècle passé[1], soit avec les révolutionnaires et les légistes de l’ère actuelle[2] ; mais du moins ils ont toujours manifesté un vif désir de restaurer un meilleur ordre de choses.

D’un autre côté, en se livrant à ces tentatives, les Français n’ont point montré cette légèreté et cette inconstance qu’on se plaît parfois à leur reprocher. On peut même dire qu’à certains égards ils ont eu trop de suite dans leurs idées et leurs actions. Ils ont supporté pendant un siècle les désordres de l’ancien régime en décadence, attendant avec une patience inaltérable que la monarchie absolue nous ramenât enfin, comme au temps de Louis XIII, à la prospérité (§ 16). Désabusés après une si longue attente, et tombant aussitôt dans une erreur nouvelle, ils ont demandé aux révolutions avec la même constance ce que l’ancien régime ne leur donnait plus. Jamais peuple ne fut plus longtemps fidèle à deux idées fausses, après avoir persisté pendant huit siècles dans une idée juste (§ 14).

  1. La Réforme sociale, t. 1er, p. 111.
  2. Ibidem, t. Ier, p. 112, 236.