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le droit de jouir de tous les avantages sociaux sans être tenu de remplir aucun devoir envers le foyer, l’atelier et le gouvernement local. Mais en même temps les institutions publiques tendent toutes à entraver, par l’immixtion de l’État, les plus légitimes exigences de l’intérêt local et de la vie privée.

On a d’abord peine à comprendre comment la France a pu supporter jusqu’à ce jour un régime si contraire à la pratique de tous les peuples libres et prospères[1] ; mais ce mystère s’éclaircit bientôt pour ceux qui, voulant améliorer cet ordre de choses, se heurtent aux objections (§§ 38 à 49) et aux difficultés (§§ 50 à 61) que la réforme soulève. Cette situation est la conséquence de deux désordres successifs. L’ancien régime est tombé dans le mépris en abusant de l’autorité. La révolution, en s’appuyant sur la violence, n’a pas toujours corrigé les abus ; souvent elle a aggravé le mal[2] et détruit le bien qui subsistait. Il résulte de là que, sur plusieurs points essentiels, la société actuelle offre à la fois les vices de l’ancien régime et ceux de la révolution[3].

  1. E. Renan, Questions contemporaines (N).
  2. La Réforme sociale, t. Ier, p. 236, 371.
  3. L’opinion publique, égarée chez nous par des erreurs sans cesse répétées, est peu préparée à admettre cette vérité. Elle contestera donc d’abord l’exactitude du point de vue qui m’a fait réunir, dans une même époque de notre histoire, le