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tions fondamentales de la vérité[1], et qui semble ramener certaines populations aux sentiments de la vie sauvage (J). Par des lois qui pèsent encore sur la France actuelle, il détruisit le respect de Dieu, du père et de la femme (§ 31) ; puis, comme conséquence immédiate, il fit tomber en désuétude les préceptes du Décalogue et la Coutume des ateliers. Il domina la raison par la force brutale, en exagérant jusqu’à l’absurde la notion de l’égalité. Il désorganisa ainsi, dans son principe, la hiérarchie indispensable aux peuples libres et prospères, celle qui se fonde sur la richesse unie au talent et à la vertu[2]. Enfin il ouvrit pour longtemps l’ère des révolutions en excitant la nation française à chercher, sous une nouvelle forme, la pierre philosophale. Depuis lors, en effet, on prétend créer de toutes pièces un mécanisme de gouvernement qui n’emprunterait rien à l’expérience du passé, qui assurerait aux citoyens les bienfaits de l’ordre matériel sans leur imposer le respect de l’ordre moral. Les institutions privées qui datent de cette triste époque, semblent être conçues en vue d’une société où chacun aurait

  1. Ce jugement a été porté par M. Thiers dès l’année 1848 (De la Propriété, avant-propos) ; et il est encore justifié par les faits actuels. Les aberrations des classes populaires sont un avertissement salutaire pour beaucoup d’hommes éclairés qui ont autrefois glorifié plus qu’il ne convient la révolution française.
  2. La Réforme sociale, t. II, p. 413.