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la violence, furent donc conduites fatalement à s’appuyer sur les individualités les moins estimables. Parmi celles-ci, on vit de plus en plus dominer certaines notabilités scandaleuses du clergé et des anciennes classes dirigeantes ; le personnel inférieur de l’ancienne bureaucratie[1] ; les légistes, qui continuèrent sous les nouveaux gouvernants la funeste mission qu’ils avaient remplie sous les monarques absolus (§ 15) ; des lettrés, corrompus par le patronage et les subventions des cours, ou égarés par des réminiscences classiques et une chimérique notion de la société ; enfin les hommes violents, habiles à soulever dans la rue les passions populaires, et à intimider dans le Parlement ces pusillanimes majorités qui autorisèrent la violation de toutes les lois divines et humaines[2].

Le gouvernement de la Terreur fut le terme extrême de ce mouvement. Il propagea dans la masse entière de la nation les vices et les erreurs qui, sous la monarchie absolue, avaient été inculqués seulement aux classes dirigeantes. Il introduisit, parmi les classes vouées aux travaux manuels, une corruption qui n’a pas cessé de croître en s’alliant à la perte des no-

  1. La Réforme sociale, t. III, p. 315.
  2. M. E. Renan a exprimé en termes éloquents une opinion semblable sur l’insuffisance des hommes de la révolution (N).