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qui n’est pas moins dangereux pour les nations que pour les familles.

Le désordre ne peut s’introduire parmi les populations qui pratiquent les travaux mécaniques des arts usuels sans s’étendre aux classes qui se livrent aux arts libéraux fondés surtout sur les travaux de la pensée. Souvent même ce sont ces classes qui, par leurs erreurs et leurs vices, prennent l’initiative de la corruption ou retardent l’avénement de la réforme : de là le principe énoncé par un grand homme d’État, dans son testament politique[1]. Ces funestes influences ont régné en France, à l’époque actuelle (§ 17), plus que dans toute autre contrée de l’Europe : elles sont surtout venues des gouvernants ou des lettrés ; et elles ont successivement amené, avec des caractères pernicieux qui étaient oubliés depuis huit siècles (§ 14), la décadence morale sous l’ancienne monarchie, l’instabilité sous les révolutions de notre temps. Cependant, si le mal des ateliers de travail n’est ni le plus dangereux ni le plus profond, c’est de beaucoup le plus apparent ; c’est également celui qui fournit maintenant à nos révolutions périodiques leur personnel et leurs moyens d’action. Après avoir décrit, dans un autre ouvrage, les caractères généraux des deux groupes de professions[2],

  1. Voir l’épigraphe de l’ouvrage.
  2. Les arts usuels et les arts libéraux. (La Réforme sociale, t. II, p. 19 à 20.)