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rale ramenée au sein des classes dirigeantes par le prétendu « grand règne » : l’abaissement de la noblesse par les habitudes de domesticité organisées, depuis 1682, au château de Versailles[1] ; la grossièreté de mœurs montrée, comme au temps de Henri IV, par les plus grandes dames de la cour[2] ; enfin la haine de la religion et l’hypocrisie provoquées par la superstition et l’intolérance, qui se développaient chez le roi avec les défaillances de la vieillesse et la crainte de la mort[3].

L’opinion publique est maintenant fixée sur

  1. Ce fut alors que la haute noblesse perdit définitivement les habitudes de résidence rurale qui, pendant dix siècles, lui avaient donné un rôle utile dans l’État et dans le gouvernement local.
  2. On trouve à ce sujet une foule de détails ridicules ou scandaleux dans les mémoires du temps. On peut consulter notamment : les Mémoires du duc de Saint-Simon et la Correspondance de Madame, duchesse d’Orléans.
  3. Voltaire est un des écrivains qui justifient le plus le jugement d’Augustin Thierry touchant la fausseté des notions d’histoire accréditées dans notre pays (§ 10, n.2). Ainsi que le rappelle le passage suivant, il a toujours signalé comme exemples les souverains qui ont corrompu les mœurs et désorganisé les institutions : « Le beau siècle de Louis XIV achève « de perfectionner ce que Léon X, tous les Médicis, Charles Quint, François Ier, avaient commencé. Je travaille depuis longtemps à l’histoire de ce siècle qui doit être l’exemple des siècles à venir. Je ne manque pas de mémoires sur la vie privée de Louis XIV, qui a été dans son domestique l’exemple des hommes, comme il a été quelquefois celui des rois. » (Œuvres complètes ; Paris, 1824 ; t. XLVI, p. 216.) — La réforme sera difficile en France, tant que notre jeunesse sera nourrie de tels enseignements.