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sentiments de haine[1] qui amenèrent bientôt les désastres d’Hœchstædt (1704), de Ramillies et de Turin (1706), d’Oudenarde (1708) et de Malplaquet (1709). La décadence de la fin du règne coïncide, en s’aggravant sans cesse, avec la mort ou la démission des derniers hommes de mérite que le règne précédent avait formés, savoir : de Colbert (1683), de le Tellier (1685), de Louvois (1691), de Luxembourg (1695), de Pomponne (1699), de Catinat (1701) et de Vauban (1707). Elle se produit d’ailleurs en même temps qu’arrivent aux affaires des hommes incapables, tels que Chamillard en 1699, Villeroi en 1701, et Voysin en 1709[2]. Ces deux derniers suivirent la tradition habituelle des favoris dans les cours tyranniques et corrompues : après avoir donné le spectacle de leur incapacité, ils se signalèrent par leur trahison envers le souverain qui leur avait confié l’exécution de son testament. Au surplus, les mémoires du temps ont suffisamment fait connaître la décadence mo-

  1. Dans le cours de mes voyages, de 1829 à 1862, j’ai trouvé que ces sentiments de haine subsistent chez beaucoup de descendants d’exilés, qui contribuent encore à faire la prospérité de l’Angleterre, de la Hollande et de la Prusse.
  2. La France échappa alors au démembrement par la modération des Anglais et par la perspicacité de Bolingbroke, beaucoup plus que par les talents de Torcy, de Villars et de Vendôme, derniers élèves de Pomponne, de Turenne et de Condé.