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fin peu à peu, sous l’influence de Mme de Maintenon, d’abord gouvernante des bâtards de la deuxième concubine, puis unie au roi par un mariage secret (1684). Mais les avantages de ce retour vers le christianisme furent plus que balancés par l’extension de l’esprit de tyrannie, qui fut dès lors appliqué à la religion comme au gouvernement temporel. La persécution des protestants, qui avait commencé avec le règne[1], s’aggrava sans cesse[2], et aboutit enfin à la spoliation, à l’exil et aux massacres. Et, dans ce nouvel attentat contre la tradition et la justice, on rencontre encore les passions du roi opposées aux sentiments de ses meilleurs conseillers[3]. Beaucoup d’évêques français approuvèrent après coup cet acte déplorable : aucun d’eux ne paraît

  1. Dès l’année 1662, Louis XIV fit raser vingt-deux temples du pays de Gex, sous prétexte que l’édit de Nantes n’était pas applicable dans ce bailliage, qui n’avait été réuni au royaume qu’après la promulgation de cet édit. (C. Weiss, Histoire des réfugiés protestants ; Paris, 1853 ; 2 vol. in-18 ; t. Ier, p. 65.)
  2. Ainsi, par exemple, le roi exclut peu à peu des fonctions publiques les protestants, qui y furent employés avec succès tant que durèrent les traditions de Richelieu et de Mazarin.
  3. Colbert s’opposa toujours à la persécution des protestants, qui lui fournissaient les agents les plus intègres du service financier. L’opinion qui associe Mme de Maintenon aux persécutions ne repose sur aucune preuve. Cette dame écrivait à son frère : « Je vous recommande les catholiques, et je vous prie de n’être « pas inhumain aux huguenots ; il faut attirer les gens par la douceur, Jésus-Christ nous en a montré l’exemple. » (Correspondance de Mme de Maintenon ; 2 vol. in-18 ; Paris, 1865 ; t. Ier, p.167.)