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Marié en 1660 à une princesse admirée pour sa grâce et sa vertu, le roi, dès 1661, choisit une concubine ; en 1663, il lui donna un haut rang à la cour ; il installa avec éclat une seconde concubine en 1668, six ans avant la retraite définitive de la première, puis une troisième en 1678. Dès 1673, il commença à légitimer ses bâtards, fruits d’un double adultère, affichant ainsi le mépris des lois divines et humaines. Dès le début du règne, le roi s’adonna également aux fastueuses constructions et aux goûts luxueux qui commencèrent la ruine de l’État et des familles appelées à la cour. Il pervertit ainsi, de proche en proche, les classes influentes, et notamment : les nobles établis en province, mais alliés aux courtisans ; les financiers et les bourgeois, appelés en grand nombre aux fonctions publiques ; les dignitaires

    Ce contraste des deux parties du règne apparaît dans tous les mémoires du temps : il pourrait être indiqué par mille passages extraits de la Correspondance de Madame, duchesse d’Orléans (édition de G. Brunet ; Paris, 1855). Je me borne au trait suivant, l’un de ceux que l’on peut transcrire sans s’écarter du respect qui doit être gardé envers le lecteur : « Du temps de « la reine et de la première dauphine, il n’y avait à la cour que modestie et dignité. Ceux qui étaient débauchés en secret affectaient en public la retenue ; mais depuis que la vieille guenipe (Mme de Maintenon) s’est mise à gouverner et qu’elle a introduit tous les bâtards dans la maison royale, tout est allé sens dessus dessous.» (T. Ier, p. 307.) — La thèse sur la perte du sens moral se trouve d’ailleurs justifiée, vis-à-vis de son auteur même, par cette indécente qualification adressée à une dame qui contribua tout au moins à diminuer les scandales de la cour.