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Le règne de Louis XIV fut caractérisé par quatre circonstances principales. Il étala avec un cynisme inconnu jusque-là chez des chrétiens les désordres de la vie privée du roi. Il continua, et fit définitivement aboutir, la marche les gouvernements antérieurs vers le pouvoir absolu[1]. Il détruisit les institutions et les mœurs, souvent même il découragea les hommes qui avaient créé le plus florissant royaume de l’Europe : il empiéta par ses actes et ses principes (n. 1) sur les libertés traditionnelles du clergé ;

  1. Le roi et son ministre Louvois niaient dans les termes suivants l’une des libertés essentielles à la vie privée : « Tout ce qui se trouve dans l’étendue de nos États, de quelque nature qu’il soit, nous appartient au même titre. Vous devez donc être persuadé que les rois sont seigneurs absolus et ont naturellement la disposition pleine et libre de tous les biens qui sont possédés, aussi bien par les gens d’Église que par les séculiers, pour en user en tout temps comme de sages économes, c’est-à-dire suivant le besoin général de leur État. » (Instruction au Dauphin ; Œuvres de Louis XIV ; t. II, p. 93 et 121.) — « Tous vos sujets, quels qu’ils soient, vous doivent leurs personnes, leurs biens, leur sang, sans avoir droit d’en rien prétendre. En vous sacrifiant tout ce qu’ils ont, ils font leur devoir et ne vous donnent rien, puisque tout est à vous. » (Testament politique de M. de Louvois ; Amsterdam, 1749 ; 1 vol. in-12, p. 136.) — De ces abominables doctrines, condamnées par la pratique universelle des peuples civilisés, sont sorties successivement deux conséquences naturelles : sous le règne de Louis XIV, la spoliation des peuples au moyen d’impôts excessifs, et la confiscation décrétée contre les protestants ; sous le régime de la Terreur, les confiscations exercées contre l’Église catholique, la noblesse et les suspects. — De notre temps, des lettrés flatteurs du peuple, plus dangereux que les courtisans flatteurs des rois, font sortir de ces mêmes doctrines les erreurs du communisme.