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gnés depuis deux siècles (§ 17), si la noblesse, les parlements et la bourgeoisie, mis hors d’état d’abuser de leur pouvoir, avaient réussi dès lors à fonder les institutions[1] qui auraient dû arrêter les usurpations et contrôler les actes de la royauté ! À cet égard, au surplus, Mazarin ne se montra, ni plus perspicace, ni plus modéré que les autres hommes d’État de ces deux grands règnes. Tous demandèrent la réforme aux faciles procédés du pouvoir absolu. Ils rétablirent la prospérité à l’aide d’institutions efficaces, mais dangereuses : car, dans les mains de successeurs inhabiles ou corrompus, le pouvoir absolu devait promptement ramener la décadence. Cependant l’absolutisme monarchique ou populaire, fondé sur la contrainte ou la violence, est resté, depuis la réforme des deux premiers Bourbons, le procédé favori des Français : il a pu momentanément obtenir de grands succès ; mais il a toujours abouti à l’abus ou à l’impuissance.

  1. M. Cousin, en décrivant les faiblesses et les vertus des frondeurs, signale les avantages qu’eût offerts une telle solution ; puis il ajoute : « Habile combinaison qui eût rassemblé et uni toutes les forces du parti, et permis peut-être de fonder un gouvernement solide, sur l’alliance durable des d’Orléans, des Condé, des Guise, des Vendôme, de la haute aristocratie et du Parlement. » (La Société française au xviie siècle, t. Ier, p. 49.)