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duisirent ainsi dans les mœurs la tolérance que les gouvernants avaient établie dans les lois. Sous ces divers rapports, elles élevèrent chacun de leurs salons à la hauteur d’une institution[1].

Ce fut alors que les classes dirigeantes de l’Europe, dominées par un juste sentiment d’admiration, adoptèrent la langue, les idées et les mœurs de la France[2]. Heureux notre pays, si Mazarin, vainqueur de la Fronde en 1651, eût fait preuve du discernement que Richelieu montra, en 1629, après avoir vaincu les protestants révoltés. Que de maux nous eussent été épar-

  1. Deux gentilshommes hollandais, voyageant à Paris en 1657, comparaient en ces termes les dames de cette ville à celles de leur pays : « Le sieur de Rhodet nous mena voir une de ses parentes nommée Mme de Longschamps, femme d’un des écuyers de M. le duc d’Anjou. Elle est jeune et fort belle, de qui l’entretien et la conversation est si agréable que nous y demeurasmes quatre bonnes heures. La différence est si grande entre la manière de vivre avec les femmes de condition de cette ville et celles de nos quartiers, que nous trouvons que notre cousin de La Platte a raison de souhaiter avec passion de retourner à Paris, où l’on peut acquérir et conserver les qualitez qui sont requises à un honneste homme. » (Journal d’un voyage à Paris, en 1657-1658 ; publié par Faugère ; Paris, 1862, p. 87.)
  2. Joseph de Maistre jugeait, au commencement de ce siècle, comme je le fais aujourd’hui, la grande époque de Vincent de Paul, de Condé et de Descartes. « Rappelez-vous, dit-il, le grand siècle de la France. Alors la religion, la valeur et la science s’étant mises, pour ainsi dire, en équilibre, il en résulta ce beau caractère que tous les peuples saluèrent, par une acclamation unanime, comme le modèle du caractère européen. » (Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. II, p. 23. Paris, 1831, 2 vol. in-8o.)