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naturellement porté à respecter Dieu[1]. Accueillant avec répugnance les concubines et les bâtards dont la société lui était imposée[2], il fut cependant pénétré de respect et d’admiration pour son père et son roi[3]. Il donna toute sa vie l’exemple de la chasteté : il réagit à sa cour contre les mœurs du règne précédent[4] ; et il contribua ainsi à la réforme intellectuelle et morale[5] accomplie, au milieu de la société de cette

  1. Journal de Jean Hérouard, t. Ier, p. xiii, xv, xxi, 82, 117, 147, 193, 284, 371.
  2. Ibidem, t. Ier, p. iv, vi, vii, viii, 68, 91, 115, 158, 161, 307, 324, 341.
  3. Ibidem, t. Ier, p. iv, 39, 107, 115.
  4. Ibidem, t. Ier, p. iv, x ; t. II, p. 239. — Saint-Simon rapporte une anecdote qui lui avait été racontée par son père, l’un des familiers de Louis XIII, et qui met dans tout son jour une vertu qui serait plus admirée si l’histoire était écrite par les vraies autorités sociales, plus habituellement que par des lettrés (§ 10). Ayant reçu confidence de la passion du roi pour Mlle de Hautefort, attachée à la maison de la reine, et s’étant hasardé à offrir son intervention, le courtisan reçut une verte réprimande qui, dit Saint-Simon, fut pour lui un coup de tonnerre : « Il est vrai, lui dit le roi, que je suis amoureux d’elle, que je le sens, et que je la cherche, que je parle d’elle volontiers et que j’y pense encore davantage ; il est vrai encore que tout cela se fait en moi, malgré moi, parce que je suis homme, et que j’ai cette faiblesse ; mais plus ma qualité de roi me peut donner plus de facilité à me satisfaire qu’à un autre, plus je dois être en garde contre le péché et le scandale. Je pardonne pour cette fois à votre jeunesse ; mais qu’il ne vous arrive jamais de me tenir un pareil discours, si vous voulez que je continue à vous aimer. » (Mémoires du duc de Saint-Simon, t. Ier, p. 58 ; Paris, 1856, 20 vol. in-8o.)
  5. M. Cousin a conçu la même opinion sur la bienfaisante influence de Louis XIII ; et il l’a exprimée dans ce passage où il énumère les maximes de chaste galanterie de l’hôtel de Rambouillet :