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§ 16

5me PÉRIODE (1589-1661) : LA PROSPÉRITÉ, PAR L’ÉMULATION DES ÉGLISES CHRÉTIENNES, SOUS LES DEUX PREMIERS BOURBONS.

Deux règnes réparateurs comblèrent en partie l’abîme creusé par trois siècles de décadence, et rendirent à la France la prospérité. Les deux premiers Bourbons furent loin de posséder les quatre groupes de qualités nécessaires aux souverains qui, succédant à une longue époque de corruption, doivent lutter contre des passions subversives et faire appel au régime de contrainte (§ 8). Ils n’eurent à la fois, ni l’un ni l’autre, comme leur aïeul saint Louis, la vertu, la perspicacité et l’énergie. Mais chacun d’eux eut un jugement sain et s’en servit pour se compléter lui-même, en faisant appel à de grands hommes, et en les maintenant au pouvoir, malgré les intrigues de ses courtisans ou les révoltes de son propre orgueil.

Henri IV (1589-1610) posséda à un haut degré la perspicacité et l’énergie. Il conserva toute sa vie la corruption qu’il avait puisée à la cour des derniers Valois[1] ; mais il s’attacha avec prédilec-

  1. Un ouvrage récemment publié révèle sur plusieurs points, chez ce grand souverain, une absence complète du sens moral. (Voir le Journal de Jean Hérouard sur l’enfance et la jeunesse, de Louis XIII, par MM. Soulié et de Barthélemy. Voir notam-