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aboutirent parfois à une véritable désorganisation, pendant les querelles soulevées par l’élection des papes. La corruption cléricale se répandit en France, malgré les efforts ou les protestations de saint Bernard (1091-1153), d’Innocent iii (1161-1216)[1], du cardinal Pierre d’Ailly (1350-1420) et du docteur Jean Gerson (1363-1429). Le mal introduit par les dignitaires ecclésiastiques se propagea peu à peu ; et, au milieu du siècle suivant, il avait envahi la masse des deux clergés[2]. Le spectacle de ces désordres contribua beaucoup au succès de la réforme protestante (1530-1540). Des hommes ardents se firent huguenots pour restaurer le règne du bien ; mais, par cette résolution, ils four-

    amertume la plus amère et la plus douloureuse est dans la paix, lorsque, en paix du côté des infidèles ou en paix du côté des hérétiques, elle est plus dangereusement combattue par les mauvaises mœurs de ses enfants. » (Histoire des variations des églises protestantes. Bossuet, Œuvres complètes, t. XIV, p.18 ; Paris, 1863 ; 31 vol. in-8o.)

  1. Lothaire Conti était né en Italie ; mais il vint terminer avec éclat ses études à l’Université de Paris, et il en conserva les doctrines. Devenu pape sous le nom d’Innocent iii, il s’efforça en vain de réformer l’Église romaine. Ouvrant avec solennité le quatrième concile de Latran, il signalait énergiquement les causes du mal, en disant : « Toute la corruption du peuple vient spécialement du clergé.  » (Histoire d’Innocent iii, par Hurter, t. III, p. 355.)
  2. La vie et les écrits de Rabelais, et la faveur qui lui fut conservée par ses supérieurs ecclésiastiques, sont des témoignages fort connus du relâchement qui régnait parmi les clergés français, à l’époque où le célèbre curé de Meudon écrivait Gargantua (1533-1553).