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tion les traditions intimes de la famille-souche. Les charmantes habitudes de leur foyer excitaient encore à cette époque l’admiration des novateurs qui, par leurs illusions et leur imprudence, allaient détruire, avec beaucoup d’abus, sans rien réédifier, les meilleures institutions de notre race[1].

§ 11

LA FAMILLE-SOUCHE, LES COMMUNAUTÉS RURALES ET LES COMMUNES URBAINES SOUS LE RÉGIME FÉODAL.

Les établissements agricoles du moyen âge ne se composaient pas seulement de tenures féo-

  1. J’emprunte le trait suivant à un Anglais, Arthur Young, qui, ayant adopté nos passions révolutionnaires, vit son ouvrage traduit, en 1793, par ordre du comité de salut public. « Quelques-uns des hôtels de Paris sont immenses, par l’habitude des familles de vivre ensemble, trait caractéristique qui, à défaut des autres, m’aurait fait aimer la nation. Quand le fils aîné se marie, il amène sa femme dans la maison de son père ; il y a un appartement tout prêt pour eux ; si une fille n’épouse pas un aîné, son mari est reçu de même dans la famille, ce qui rend leur table très animée. On ne peut, comme en d’autres circonstances, attribuer ceci à l’économie, parce qu’on le voit chez les plus grandes et les plus riches familles du royaume. Cela s’accorde avec les manières françaises ; en Angleterre, l’échec serait certain, et dans toutes les classes de la société. Ne peut-on conjecturer avec de grandes chances de certitude que la nation chez laquelle cela réussit est celle qui a te meilleur caractère ? (A. Young, Voyages en France, Paris, 2 vol. in-12, 1869, t. Ier, p. 369.) Les mœurs peu sociables de l’Angleterre, auxquelles A. Young fait allusion dans ce passage, sont celles que je critique ci-après (§ 15).