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Aux degrés moyens de cette hiérarchie, le seigneur avait à la fois, comme vassal et comme suzerain, des droits et des devoirs en certains cas il devait, avec le concours des hommes de son fief, servir son suzerain ou protéger son vassal ; dans les cas inverses, il pouvait réclamer d’eux la même assistance.

Ce régime, comme toutes les formes régulières de société, imposait aux classes dirigeantes le devoir de conserver la paix publique. Son caractère spécial était de lier cette haute fonction à la propriété du sol ainsi qu’à l’organisation du fief et des tenures. Dans la province et dans ses subdivisions rurales, y compris la paroisse, la direction de ce service n’était pas plus divisible pour le duc, le comte, le baron ou le moindre seigneur, qu’elle ne l’est aujourd’hui pour les autorités préposées à ces mêmes circonscriptions. Il en était de même par conséquent pour le sol qui assurait l’existence du fonctionnaire et lui fournissait ses moyens d’action. La transmission intégrale du fief était donc, dans la société féodale, une condition essentielle à l’ordre public. Ce fut ainsi que la force des choses amena la féodalité à réagir contre les mœurs léguées par les Gaulois, les Romains de la décadence et les Franks. Elle transmit la propriété du fief et la fonction seigneuriale à celui des fils que le père était associé de son vivant. L’héritier prit en