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monde un rejeton qui, dès le début de la vie, fait preuve de grandes facultés. C’est ainsi que tant d’hommes illustres de notre histoire sont sortis des domaines agglomérés de la Gascogne et de la Normandie, dans les temps où une foule de talents naturels, privés du même appui sous le régime de la famille instable, restaient ignorés dans les villages à banlieue morcelée de la Champagne (§ 6).

L’élévation des cadets issus des plus modestes familles de paysans, de bourgeois et de nobles, était encore fréquente, au XVIIIe siècle, dans l’armée et le clergé. Les succès de Lauzun, cadet de Gascogne, et de Saint-Évremond, cadet de Normandie, prouvent, parmi beaucoup d’autres cas, qu’il en était ainsi, même à la cour. La célébrité d’une foule de bâtards des grandes maisons, aux siècles précédents, est sans doute la preuve de la décadence morale qui avait envahi la France après le règne de saint Louis ; mais elle offre aussi un utile enseignement. Elle démontre la force des régimes sociaux sous lesquels les jeunes gens créent leur carrière en comptant, non sur un lambeau du foyer et de l’atelier paternel mais sur leurs propres efforts secondés par l’influence et les ressources d’une famille-souche stable et féconde. Cette organisation reste en vigueur chez toutes les nations prospères elle a été détruite en France par la révolution et le Code civil. La