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La famille-souche s’est constituée spontanément avec ces caractères chez toutes les races stables. Fondée sur la nature même de l’homme et de l’atelier agricole, elle a été partout l’œuvre de la coutume, non de la loi écrite[1]. Ce régime communique à toutes les races les forces matérielles et morales qui sauvegardent l’indépendance du territoire et fondent au dehors des colonies prospères. Il est bienfaisant pour toutes les classes de la société : il préserve les plus riches de la corruption en leur imposant de sévères devoirs il fournit aux moins aisées le moyen d’épargner à leurs rejetons les dures épreuves de la pauvreté. Il distribue équitablement les avantages et les charges entre les membres d’une même génération à l’héritier, en balance de lourds devoirs, il confère la considération qui s’attache au foyer et à l’atelier des aïeux, aux membres qui se marient au dehors, il assure l’appui de la maison-souche avec les charmes de l’indépendance à ceux qui préfèrent rester au foyer paternel, il donne la quiétude du célibat avec les joies de la famille à tous enfin il ménage jusqu’à la plus extrême vieillesse le bonheur de re-

  1. Il en a été de même pour une foule de communautés plus compliquées et moins naturelles que la famille-souche, qui existent en Europe depuis un temps immémorial. Tel est le cas pour les Fermiers à communauté taisible du Nivernais. (Les Ouvriers des deux mondes, t. V, p. 1 et 38.)