Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lieux, surtout parmi les races de paysans. Elles montrent encore une vitalité qui contraste avec la faiblesse des familles instables. L’étude de ce contraste dissipera les préjuges de nos législateurs, quand l’esprit de révolution aura perdu son empire et quand l’époque de vraies réformes sera enfin venue.

La famille patriarcale, caractérisée par la communauté des parents et de leurs fils mariés, se rencontre encore fréquemment en plusieurs localités. Elle domine sur certaines montagnes consacrées à la production spontanée des herbes et à la nourriture des troupeaux, notamment sur les hautes prairies des Alpes, du Vivarais, de l’Auvergne, du Jura et des Vosges. Elle se conserve également dans les grandes métairies, à cultures semi-pastorales, du plateau central de la France. Enfin on a pu observer longtemps dans cette dernière région et l’on trouve encore dans le Nivernais des communautés plus nombreuses, sortes de tribus dont les familles, portant le même nom, sont issues d’un même ancêtre[1]. Comme en Orient et en Chine, ces diverses nuances de la famille patriarcale assurent aux populations

  1. Les Ouvriers Européens, t. IV, Fondeur au bois du Nivernais, notes. — Les Ouvriers des deux mondes, t. V, Fermier à communauté taisible du Nivernais. Voir aussi Histoire d’une ancienne communauté de l’Auvergne, composée de menaces, propriétaires ruraux, issus d’un commun ancêtre, par M. Escard. (Bulletin de la société d’économie sociale, t. VI, p. 126)