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celles dans chaque région, et ils sont astreints par les règlements municipaux à pratiquer cet assolement. Sur ce point, d’ailleurs, leurs intérêts s’accordent avec la coutume de la vaine pâture. Cette coutume a pour cause première l’instabilité des familles et l’excessif morcellement du sol. Le seul système agricole que comporte une organisation aussi vicieuse est la communauté du pâturage non seulement sur le territoire communal, mais encore sur le territoire possédé à titre individuel. Sous ce régime, un troupeau commun composé de moutons reçoit de chaque habitant un nombre de têtes déterminé par la quantité de terre possédée en propre. Le berger, fonctionnaire municipal, conduit ce troupeau sans avoir à s’inquiéter d’aucune limite. Sous le climat de la Champagne, le troupeau occupe ainsi sans interruption, pendant l’année commençant après la récolte des céréales, douze mois la région de la jachère, six mois la région du grain de printemps, trois mois la région du grain d’automne. La vaine pâture règne donc moyennement sur les sept douzièmes du territoire entier.

Le régime des villages à banlieue morcelée échappe aux nécessités de la vaine pâture dans les localités propres à la culture de la vigne, des légumes, des fruits et des autres produits qu’on obtient surtout par le travail des bras. Mais, quand la terre n’est pas exceptionnellement fer-