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aveugle du présent et dans le dénigrement systématique du passé, nous deviendrons, en étudiant nos archives domestiques et nos vieilles coutumes, à la fois plus justes et plus respectueux pour nos pères. Comme les hommes, les peuples ne peuvent « vivre longuement » qu’à la condition d’honorer les générations qui les ont précédés. Tandis qu’à l’envi chacun veut enfler sa généalogie, sauf à se créer des ancêtres imaginaires s’il n’en a pas d’authentiques, notre société tient absolument à être née d’hier, et renie arrogamment ses origines. Le jour où elle les connaîtrait, elle en serait fière et comprendrait, suivant la forte parole de Chateaubriand, que « les siècles se servent de bases les uns aux autres, et que le dernier arrivé ne peut se tenir en l’air[1] ».

FIN
  1. Mélanges politiques, t. VI, p. 589.