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mis vingt ans, trente ans, quarante ans même, mais on est arrivé au but.

L’histoire des réunions de parcelles est très instructive à cet égard ; elle nous montre que partout où l’on a pu convertir une commune à la loi et la lui faire appliquer, celle-ci est devenue un centre de propagation dont l’exemple n’a jamais tardé à être imité ; partout encore on a constaté ce fait remarquable que les possesseurs des nouvelles divisions prennent pour leur propriété ainsi reconstituée une affection bien plus grande que celle qu’ils avaient pour leur exploitation, alors que celle-ci se composait d’un nombre très grand de petites parcelles éparpillées aux quatre points cardinaux de la commune et enchevêtrées avec celles de cent voisins plus ou moins difficultueux ; ils s’attachent plus à la culture et travaillent avec plus d’ardeur. Ce changement ne surprend pas quand on y réfléchit. Le sentiment conservateur du propriétaire s’attache, en effet, plutôt au droit de propriété, à l’exercice de ce droit ; qu’à la possession de parcelles de terres déterminées ; il est dès lors naturel qu’il éprouve plus d’attrait pour un champ dans lequel il se sent complètement libre, où il peut faire les cultures qu’il juge les meilleures, exécuter les travaux quand il le croit convenable, que pour un certain, nombre de parcelles dépourvues de ces conditions, où sa liberté et son