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père en fils dans une des locatures de la ferme et fréquemment occupés à des travaux à l’entreprise, ils font un peu partie de la maison. Leurs chèvres, — car il n’est pas de journalier qui, à défaut d’une vache, ne possède une et plus souvent deux chèvres, sans parler du cochon, — ont toujours droit de pâture à Hermannsbourg avec le troupeau du paysan. Le bois de chauffage leur est gratuitement fourni, et leur pain peut cuire sans frais dans le four de la ferme. L’un des Haüslinge du Luttershof, Witte, étant décédé il y a peu d’années en laissant une nombreuse famille, c’est le paysan qui est devenu le tuteur de ses enfants ; il a conservé l’aîné et la veuve dans l’habitation traditionnelle ; il a pris le second fils comme domestique dans sa ferme, et a placé les autres dans des fermes voisines.

Tel est l’ensemble des relations qui se groupent autour du Hof patrimonial. Si de la famille nous passons à la commune, nous verrons que la même indépendance dont le maître de maison jouit dans son Hof la commune rurale la possède dans l’État… Un ordre social qui a sa base sur de pareilles familles ne manque pas de ce point d’appui solide qui semble nous avoir échappé. Il est fort par la liberté, car l’indépendance est complète dans l’administration des divers intérêts locaux ; il est fort par l’esprit de sage conservation, puisé dans les souches mêmes