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services ruraux sont de véritables associés du paysan. Le Luttershof comporte deux fonctions de cette nature : le soin des moutons et celui des abeilles. Joachim Wartmann est depuis huit ans à la tête du troupeau ; son salaire se compose du quart de la laine et du croît[1]. Il reçoit, de plus, du maître de maison une gratification en argent (8 th. en général) à titre de cadeau de Noël, et, comme tous les habitants adultes de la ferme, des mains de la maîtresse de maison, 25 mètres de toile et 2 paires de souliers. Wartmann s’est marié depuis peu et a son domicile dans un des chalets disposés sur la cour. Georg-Heinrich Rabe, cousin du paysan, est depuis sept ans à la tête du rucher (Bienenwärter), et reçoit, comme salaire sur la vente du miel et de la cire, la moitié du produit[2]. Quant aux Knechte (garçons de ferme), ils reçoivent 23 à 30 thalers en argent, leur part de toile et de souliers. Mais le paysan les intéresse aux produits de la culture en ensemençant au profit de chacun d’eux un boisseau de sarrazin, qui, dans les bonnes an-

  1. Le produit total du troupeau pouvant s’élever en moyenne à 300 thalers, le berger perçoit de ce chef 75 thalers environ.
  2. Les 65 ruches produisent 12 à 14 tonnes de miel. En défalquant la réserve destinée à l’alimentation des abeilles en hiver, il en reste 6 à 7 dont la moitié représente 25 à 35 thalers. Quant à la production en cire, elle peut s’élever à 600 kilogrammes, représentant 50 thalers. Le Bienenwärter se fait ainsi un revenu de 50 à 60 thalers en argent, sans compter les 2 paires de souliers et les 25 mètres de toile, qui lui sont comptés en nature.