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essentielle à la prospérité de la maison. Si vous voulez vous en rendre compte, suivez-la dans la cour d’un magasin à l’autre, resserres dont elle a seule la direction et dont les clefs pendent fièrement à sa ceinture. Elle vous conduira d’abord dans celui où est renfermé le luxe de la maison. C’est la resserre des toiles. Chaque ferme, en effet, est un atelier de filage et de tissage. Le chanvre, le lin, la laine y sont travailles avec adresse et succès ; les plus petits enfants même sont employés à faire mouvoir les rouets. Dans le Luttershof, où le paysan a cinq filles, le métier à tisser ne s’arrête qu’à de bien courts intervalles. La mère de famille, cependant, ne s’y assied guère elle-même, si ce n’est lorsqu’il s’agit de travailler la laine, mais c’est elle qui imprime à l’activité domestique l’impulsion et la régularité. Grâce à ses soins, le métier suffit à produire : 1° toutes les étoffes nécessaires à la consommation de la famille ; chaque année quelques pièces de toile et de laine, envoyées au teinturier, en reviennent bleues ou noires et suffisent à tous les vêtements ; 2° les étoffes représentant une partie du salaire des domestiques et servantes, qui, pour une bonne part, sont payés en nature ; 3° le trousseau des filles. Déjà vous voyez, dans la resserre, de vastes coffrets, fabriqués avec le plus beau bois de chêne de la ferme, et où reluisent les serrures brillantes, les fermoirs