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sentiments d’un ordre supérieur qui règnent, dans ces familles et ces contrées. Ce n’est pas seulement, en effet, la volonté paternelle qui préside à cette organisation du bien patrimonial, on peut dire que c’est la volonté de tous les membres de la famille.

Il se développe au foyer domestique de ces rades paysans un amour pour le Hof paternel dont nos habitudes d’instabilité ne nous laissent aucune notion. Patriotisme, amour du lieu natal, pâlissent devant cette affection, mêlée d’orgueil, et qui est prête à tous les sacrifices. Vendre ou morceler la ferme du père, ah ! plutôt renoncer à ses droits, les transférer à un cadet favorisé dans le commerce, s’engager soi-même comme domestique dans quelque ferme voisine, fier de s’y dire encore un Arns du Arnshof !

Ces sentiments ont pris tant de force chez le paysan saxon, qu’ils sont à peu près les seuls qu’il comprenne, et que le fait d’une vente qui rejetterait la fortune, pour les enfants du paysan, sous la loi du partage égal, ne se produit que dans des cas inouïs et désespérés.

D’ailleurs, l’héritier a des charges particulières. Lui seul, — et c’est ici que parfois ses forces défaillent, — est chargé d’acquitter les dettes de la succession. Sur lui pèsent toutes les taxes de la commune, les journaliers en étant exempts. Mais surtout l’héritier a des devoirs parfois si mul-