Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être physique et moral se sont améliorées chez nos paysans.

Au premier point de vue, l’énumération rapide que donne cette monographie des occupations ordinaires d’une famille de paysans montre quelle somme d’activité cette famille doit déployer pour exécuter, sans le secours de bras étrangers, les travaux qu’exige l’exploitation de son domaine. Que l’on se représente deux, trois, rarement quatre personnes, ayant à mener de front plusieurs occupations également pressantes ; appelées ici par une terre à préparer, là par une récolte à rentrer, plus loin par un fauchage ailleurs par une fenaison ; réclamées là-bas par le transport des engrais et retenues ici par un long et ennuyeux sarclage ; obligées quelquefois de battre les grains au moment des semailles ; forcées tous les jours de parcourir de longues distances pour aller à l’ouvrage, pour en revenir ou pour passer d’une pièce de terre à une autre très éloignée, et, à cause de cela, prenant sur leur sommeil du matin, sur leur repos du soir ; ne rentrant à la maison que pour se livrer à des travaux d’un autre genre, mais non moins pénibles et l’on restera effrayé des fatigues qu’elles endurent. On se demandera quelles sont les jouissances qui peuvent payer de telles fatigues. On s’expliquera alors pourquoi les paysans du Laonnais sont tellement avares de temps, qu’ils