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de son côté, à redoubler d’efforts et de privations pour arriver à l’aisance. S’ils n’ont pas les qualités intellectuelles et morales nécessaires pour atteindre à ce but par leurs propres ressources, ils n’ont aucun espoir d’échapper à la misère. La porte de la maison paternelle leur est fermée, et il n’existe aucune institution à laquelle ils puissent demander assistance. Ils ne comprennent pas les avantages que procurent les caisses d’épargne pour le placement successif des économies. D’ailleurs cette institution elle-même suppose la prévoyance, et lorsque le paysan possède cette vertu, il ne manque jamais de s’élever. Il éprouve une satisfaction plus grande à consacrer les capitaux épargnés à l’acquisition d’animaux domestiques, d’une habitation, d’immeubles ruraux, qu’à les placer à intérêts composés. La propriété immobilière et les jouissances immédiates qu’elle procure, sont le stimulant le plus efficace pour ses habitudes de travail et de sobriété.

C’est grâce à ces qualités que les époux J*** N*** ont pu élever leur famille et mettre leur vieillesse à l’abri du besoin. Ce résultat n’a été obtenu que par les efforts les plus opiniâtres ; il a fallu une vie de privations et un labeur incessant pour triompher des mauvais effets qu’entraînent, pour la petite propriété, les coutumes successorales en vigueur dans ce pays. Le bien-être physique des époux J*** N*** est assurément très contestable,