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Le climat de S*** est très sain. La position de ce bourg au sud et à proximité d’un marais n’a jamais eu pour la santé de ses habitants aucune conséquence fâcheuse. Ils ne sont pas victimes de ces fièvres intermittentes qui désolent assez souvent des localités placées dans des situations analogues. Un préjugé local attribue cette salubrité à l’odeur du chanvre ; cette opinion ne supporte pas l’examen. Il est évident que S*** doit à la largeur de ses rues pavées, au parc et aux garennes qui l’avoisinent, la pureté de l’air qu’on y respire. L’eau n’y a aucun goût désagréable, quoiqu’elle ne traverse que des couches tourbeuses. En général, la taille des habitants de S*** est un peu inférieure à la moyenne, et leur constitution physique paraît débile. Cette dégénérescence se remarque d’une manière bien saisissante chez les jeunes gens ; il en est peu qui parviennent à la taille de leurs parents. Comment la constitution physique résisterait-elle à la triple influence du peu de soins accordés à la première enfance, des travaux excessifs et prématurés et des mariages trop précoces ? La plupart des femmes, partageant avec leurs maris les travaux des champs, restent pendant toute la journée éloignées de leurs enfants ; elles ne peuvent les allaiter, et les laissent seuls dans des cabinets nombres, froids et humides, puisque à S*** l’eau est presque à la surface du sol.