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XIV

LA RÉFORME

L’ancienne société se présente à l’observateur avec un ensemble de forces, de groupements, qui lui donnaient une grande cohésion. Aujourd’hui les groupements se sont dissous, le courant a été détruit, le granit s’est désagrégé, l’individu règne à la place de la famille[1].

Certes, il y a dans le passé une partie qui n’appartient qu’à l’histoire, et qui est bien définitivement passée. Personne ne peut songer à nier l’influence exercée et les transformations opérées dans nos sociétés modernes par ces puissants instruments qu’on appelle la machine à vapeur, la locomotive, le télégraphe, le crédit. Il faut leur faire une part, sous-peine de rêver à vide. Tout n’est pas là, comme trop de gens aveuglés

  1. Voir sur l’ancienne société l’ouvrage de M. Ch. de Ribbe, Les Familles et la société en France avant la révolution (Tours, Marne). Ce beau livre ressuscite en quelque sorte le passé, à l’aide de documents inédits d’une puissante originalité, les livres de raisons ; il montre la grandeur et la beauté de la famille ancienne, la paix qu’elle faisait régner dans son sein et autour d’elle, le libéralisme des institutions dont elle dotait la commune et la province. Au pied des Alpes, dans la Provence et le Dauphiné, comme au pied des Pyrénées, dans le Bigorre et le Béarn, les mêmes institutions se sont signalées par les mêmes bienfaits.