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dit M. de Lagrèze[1], qui a le premier fait naître le sentiment paternel ; c’est lui qui, dès l’enfance, a acquis sur ses frères et sur ses sœurs une influence que la supériorité d’âge donne d’habitude dans la famille ; c’est lui qui est présumé le plus sage et le plus tôt prêt à continuer le père et à soutenir la maison. » Étant le premier associé aux travaux et à la responsabilité du chef de famille, il est juste et naturel que le fardeau de l’héritage lui revienne. C’est sa naissance elle-même qui l’a désigné, et dès lors ses frères et sœurs l’acceptent plus aisément que s’il eût été choisi dans leurs rangs par le père. Les habitants de la vallée de Barèges et du Lavedan ne songeaient nullement à se plaindre de ce droit d’aînesse, qu’ils pratiquaient sans gêne et sans inconvénient depuis un temps immémorial. C’est d’un juriste, de Noguès, que vint l’initiative d’en demander la suppression. Un pareil droit cadrait mal avec le droit romain. Mais sa proposition rencontre des résistances, dont il s’étonne naïvement et qu’il met sur le compte des préjugés et de l’ignorance. Écoutons-le raconter lui-même sa campagne

« Auteur de cette idée, dit-il dans son Commentaire de 1789 (p. 31), je la fis proposer dans les divers endroits assujettis à nos Cou-

  1. Histoire du droit dans les Pyrénées, p. 182.