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Les privilèges conférés à la femme par la Coutume et les mœurs constituent d’ailleurs un des traits distinctifs de la race. Les Gaulois entouraient la femme d’une vénération particulière. M. Le Play en cite, d’après Plutarque, une preuve remarquable, à l’occasion d’un traité conclu entre Annibal et les Euskes (§ 9). Le vieux for de Bigorre accorde aux femmes le droit d’asile, qui était réservé aux sanctuaires et choses sacrées. L’article 9 est ainsi conçu : Omni tempore pax teneatur dominabus…, ita si quis ad dominam confugerit, restituto damno quod fecerit, persona salvetur. Les femmes avaient, comme les hommes, le droit de voisinage (jus civitatis) ; elles étaient convoquées aux assemblées de la communauté ou vésiau, et participaient au vote, au même titre que les chefs de maison, caps d’oustau, ou voisins (besi[1]).

Dans un bail à fief, consenti par l’abbé de Saint-Savin en 1316, nous voyons que voisins et voisines de Cauterets (besis et besies de Cautarès) furent assemblés sous le porche de l’église, afin de déclarer s’ils voulaient accepter de l’abbé un autre emplacement pour la ville et le bourg, moyennant certaines redevances féodales. « Les

  1. Voisin, vicinus (homme du vic) ; en patois vesi. Ce mot se prononce bési, par altération du b en v, et du v en b, qui fait dire aux paysans basques : Diou biban ! pour leur juron familier (Dieu vivant !), et qui inspirait à Scaliger cette piquante exclamation : Beati populi, quibus vivere est bibere !