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traqués pour avoir agi dans la droiture de leur cœur et suivant la coutume des ancêtres vénérés.

L’instruction du procès a été laborieuse. Les faits remontaient à une date très ancienne ; plusieurs des héritiers primitifs étaient morts, et remplacés par des mineurs ; les papiers de famille étaient difficiles à reconstituer. Pour rétablir tous les titres de l’état civil des ayants droits, il fallait d’interminables colloques avec les gens de loi. À chaque instant Savina était demandée à Lourdes pour fournir un renseignement, souvent sans importance. Puis c’était l’affaire qui semblait venir en ordre utile et qui néanmoins était remise, remise encore, par l’un de ces moyens dilatoires qui éternisent en France les procès. Autant de voyages imposés à la famille.

Or sait-on ce que coûtait de fatigues à Savina chacun de ces voyages dont on était si peu ménager ?

De Lourdes à Cauterets, on compte 31 kilomètres, dont 10 à 12, côtoyant le torrent, sont en pente très raide dans une gorge encaissée, abrupte, des Pyrénées. La voiture publique met de 3 à 4 heures pour faire ce trajet. Savina l’effectuait à pied, aller et retour, dans la même journée. Elle partait vers 2 ou 3 heures du matin, arrivait à 10 heures à Lourdes, et en repartait vers 2 ou 3 heures pour rentrer coucher à Cauterets vers 11 heures ou minuit. Cette fa-