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Depuis que ces lignes ont été écrites, la vogue des eaux de Cauterets n’a cessé de s’accroître, précipitée par le besoin de locomotion que l’extension des voies ferrées a fait entrer dans nos mœurs, et surtout par la construction d’un réseau très complet de chemins de fer dont cette partie des Pyrénées a été dotée avec une grande libéralité[1].

Grâce à cette affluence de plus en plus considérable de baigneurs à Cauterets, grâce aussi à l’exécution de travaux publics qui ont amené la création de grands chantiers tant dans la localité même qu’à ses abords, l’élément agricole s’y efface au profit de ces chantiers ou des industries motivées par le séjour des étrangers, je n’oserais dire au profit de la moralité publique[2]. Les paysans sont déchus du haut rang qu’ils occupaient autrefois dans la commune, et n’ont plus qu’un ou deux représentants au sein du conseil municipal, envahi par les professions libérales, les débitants, les logeurs. À peine si l’on pourrait aujourd’hui compter 20 à 25 familles qui se souviennent des anciennes traditions, et encore

  1. Lignes de Tarbes à Pau, à Mont-de-Marsan, à Auch, à Toulouse, à Pierrefitte, à Bagnères-de-Bigorre.
  2. Il serait toutefois injuste de ne pas faire observer que cette moralité est encore excellente dans la population indigène, qui est sobre, pieuse, laborieuse et disciplinée. Je regrette que le cadre étroit de cette note ne me permette pas de citer plusieurs faits caractéristiques et fort honorables pour cette population que le contact des étrangers n’a pas encore beaucoup entamée.