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elle s’est maintenue pendant 400 ans au moins dans l’état de bien-être et de moralité » que M. Le Play a constaté en 1856 (§ 34).

Mais, — (c’est encore M. Le Play qui le déclare, et je ne puis mieux faire que le citer), — « ces influences traditionnelles ne sauraient toujours se perpétuer, et la loi écrite triomphe à la longue de la Coutume. Les gens de loi ont un intérêt direct à détruire, en cette matière, l’entente des familles : ils s’ingénient à faire naître, chez les héritiers peu intelligents ou peu scrupuleux, des sentiments de cupidité et à s’assurer ainsi les profits des expertises contradictoires des licitations, surtout des procès que provoque la pratique du partage forcée[1]. »

Dès 1856, la monographie signalait en termes non équivoques la menace de ce danger pour la famille Mélouga. L’ancienne tradition « conservée jusqu’à ce jour, disait-elle, sous l’influence du patois local et d’une situation isolée au milieu de hautes montagnes, se modifiera inévitablement à mesure que l’extension de l’enseignement scolaire et des moyens de communication mettra cette localité en contact plus intime avec les idées qui dominent dans les autres parties de la France. » (§ 34.)

  1. La réforme sociale, t. II, § 34.